Santé sexuelle LGBT

Gays et autres HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes) et usages de drogues : étude qualitative par entretiens cliniques

L’association entre drogues et sexualité est ancienne dans le milieu homosexuel, suscitant régulièrement des préoccupations de santé publique , souvent liées à l’émergence d’un nouveau produit ou d’une nouvelle pratique (comme le slam, par exemple). Depuis quelques années, les chercheur·ses et professionnel·les s’intéressent à cette pratique pour au moins trois raisons : 1) l’émergence de pratiques d’injection dans des réseaux et chez des profils d’individus chez qui elles étaient rares; 2) la circulation de certains produits (crystal, méphédrone, 3MMC) en lien avec des pratiques sexuelles intenses; et 3) l’apparition de problèmes de santé/santé mentale/dépendance sévères, débouchant, dans certains cas, sur des overdoses et des suicides, que les réseaux sociaux contribuent à médiatiser.
De ce fait, même si les problèmes liés au chemsex sont difficilement quantifiables, ils suscitent ce que certain·es auteurs·rices nomment une « panique morale ». L’imaginaire associé peut en effet susciter tant de la fascination que de la révulsion. Certain·es professionnel·les ne manquent pas d’appeler cela «une bombe à retardement de santé publique » faisant planer un voile d’angoisse usant même des représentations médiatiques de la crise du sida des années 80 : solitude, isolement, corps marqués, violence et mort nourrissant la scène visuelle.

Ce contexte donne alors un souffle particulier à des discours et des approches dont on connait les limites : prohibition, interdiction, mais aussi au jugement moral sur les usagers et leurs pratiques. Car, comme souvent en ce qui concerne les drogues, l’urgence des situations prend le pas sur une analyse plus fondamentale et raisonnée du contexte et des pratiques.

Nos recherches actuelles et futures visent non seulement à mieux cerner les particularités du phénomène en tant que tel mais encore à interroger de quelle façon il vient résonner avec les contextes sociaux dans lesquels l’usage de drogues se produit, comment les nouveaux modes de consommation se propagent à travers les communautés homosexuelles et les normes qui régissent leur utilisation. En outre, les trajectoires de vie et facteurs ayant motivé ou facilité l’engagement (et le maintien) dans ces pratiques sont eux aussi explorés à la lumière du rapport au risque des sujets. Enfin, l’investigation du passé communautaire traumatique commun, à savoir l’hécatombe liée au virus du sida est par ailleurs investiguée afin de nous enseigner sur ce que le chemsex nous dit des complexités des rapports homosexuels à la suite de l’épidémie et de ses réminiscences traumatiques. Il s’agit ainsi d’ouvrir un champ de recherche suscitant un intérêt et une nécessité manifestée tant par la communauté scientifique que par les professionnel·les de la santé mentale.
Aussi, très peu d’études qualitatives ont été menées internationalement, et aucune en Belgique malgré une demande importante émanant du secteur de soin. Cette recherche est actuellement en cours sous la forme d’une étude qualitative multicentrique (CHU de Liège, CHU Saint-Pierre, CHU Erasme, ASBL Ex Æquo , TelsQuels , Sidasol ) auprès de personnes pratiquant le chemsex (N=43, 2 entretiens semi-directifs T0 et T1 : 3 à 6 mois).

Communications & publications

  • Detandt, S., & Huberland, V. (2018), ChemSex in Belgium : what do we know ?. Bruges, Belgique, Présentation sur invitation, à la 7ème symposium BREACH (Belgian Research AID&HIV& consortium).30.11.2018.
  • Detandt, S. (2019). Chemsex : Une problématique émergeante en Belgique et à Bruxelles. Présentation lors du lancement du site Chemsex.be, Bruxelles, Belgique,27.06.2019.
  • Detandt, S. (2019, 27 juin). Interview pour l’agence Belga: Lancement d’un site de prévention sur le chemsex pour les homosexuels.Detandt, S. (2019, 05 juillet). Interview dans le Journal du médecin : Tout savoir sur le chemsex. Interview de Versonne Martine.
  • Detandt, S. (2020, décembre). Chemsex, plaisir sous influence. Alter Echos : L’actualité sociale avec le décodeur. N°489. Interview de Marinette Mormont.
  • Detandt, S. (2021). Chemsex : de l’impératif de l’excès à une sexualité performative. Les midis de Striges, 11.02.2021

Recherche exploratoire 2016-2017

Plan chem ? Plan Slam ? Les pLans « sous prod » : une recherche exploratoire sur le chemsex parmi les gays, bisexuels et autres HSH dans la Région de Bruxelles-capitale

Chercheur : Jonas Van Acker

A travers une enquête en ligne et une revue de la littérature, cette recherche avait pour objectif de dresser un état des lieux, le plus large possible, du phénomène chemsex en Région de Bruxelles-Capitale et d’identifier les principaux enjeux, en particulier pour la santé.

Rapport

Axe

Santé sexuelle LGBT

Chercheuse

Sandrine Detandt
Docteure en psychologie
Tél. : +32 (0)2 650 31 56
E-mail : sandrine.detandt@ulb.be

Dates

2018-2021