La séropositivité entre santé sexuelle et pénalisation

A partir d’une chronologie des relations entre la médecine, le droit, et l’expérience des personnes séropositives, cette contribution évalue les tensions manifestes à trois niveaux de l’action publique en France et en Belgique : impact des découvertes médicales, recours en justice dans le champ de la santé publique, place des populations concernées dans les mobilisations associatives.
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L’illusion de la transparence des corps. Voir, concevoir et dire le VIH

« La transparence des corps » peut s’envisager à travers l’émergence d’un paradigme médical et scientifique, où l’enjeu est d’accéder à la réalité de l’autre et du monde, puis à sa transformation morale et politique, où l’accent est mis sur la recherche de la vérité. Le virus du sida/VIH, même s’il s’inscrit dans une histoire courte (la fin des années septante), est symptomatique des évolutions du paradigme de la transparence et permet d’interroger sa portée et son ambigüité.
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Une sexualité comme une autre… ?

Les rapports sexuels entre personnes de même sexe seraient aujourd’hui perçus comme une « sexualité comme une autre ». À leur évocation, la réaction « la plus commune » serait « systématiquement » « tant que c’est entre adultes consentants ». Ces dernières décennies, des avancées substantielles en matière de droits des homosexuels ont eu lieu, en partie favorisées par les conséquences de l’épidémie de sida chez les gays. En parallèle, une mainmise de plus en plus réduite de la médecine sur la question de l’homosexualité peut être observée. Pour autant, les attitudes et comportements homophobes restent nombreux et ont des répercussions sur le psychisme des individus qui ne se conforment pas à la norme hétérosexuelle, comme l’attestent les taux de suicide plus élevés chez ceux-ci. Cette homophobie, régulièrement mise à distance dans certains discours comme l’apanage de contextes culturels moins égalitaires, ne révèle-t-elle pas plutôt un rapport de force, toujours bien à l’œuvre « chez nous », lié à une hiérarchisation des sexualités ?
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Ce que les minorités font aux sexualités

Les minoritaires ont mis en évidence que la sexualité est politique et que l’androcentrisme comme l’hétérocentrisme perdurent en dépit de l’évolution des comportements. Une échelle morale distinguant la « bonne » sexualité de la « mauvaise » continue à structurer les pratiques et les représentations, le couple hétérosexuel occupant la première place. Quant à l’État, il reste un des acteurs soucieux de réguler les sexualités, voire de réprimer certaines de ses formes les moins acceptées, même lorsque les rapports entre adultes sont consentis. Le consentement rencontre ici ses limites, notamment dans le traitement de la prostitution. De même, les conduites et les pratiques des immigrés africains et nord-africains sont aujourd’hui régulièrement décriées par un Occident qui se considère comme affranchi, foyer du féminisme et terre d’élection des homosexuels, et s’autorisant donc une mission de libération traduisant ainsi la persistance d’un racisme postcolonial.
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Paradoxe de la lutte contre les discriminations : la question de la visibilité des personnes séropositives

Cet article analyse l’un des paradoxes des politiques de lutte contre les discriminations et de promotion de la diversité qui tentent d’améliorer l’accès à l’emploi des publics discriminés, et singulièrement des personnes vivant avec le vih /sida : d’un côté, elles leur garantissent le droit au secret médical et au respect de la vie privée, le droit à l’invisibilisation, et d’un autre côté, elles leur demandent de divulguer leur état de santé ou leur handicap, de visibiliser une différence, qui plus est stigmatisée, afin de la neutraliser.
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Le dégoût dans les campagnes de lutte contre le sida

Après avoir été particulièrement attentives aux questions de discrimination et de stigmatisation des personnes vivant avec le vih/sida, les campagnes médiatiques de prévention s’appuient à nouveau en France, depuis les années 2000, sur les ressorts du dégoût et de la peur à l’égard non seulement de la maladie, mais surtout des personnes atteintes. Cet article analyse quatre figures majeures du dégoût tel qu’il est mis en scène dans ces campagnes. Il tente de comprendre leur émergence et leurs articulations avec la politique de prévention et de lutte contre le sida, et plus largement avec la biopolitique et le gouvernement des corps.
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Un ré-examen du concept de « vulnérabilité » pour la recherche et la prévention du VIH/SIDA

Les termes “vulnérable” et “vulnérabilité” sont utilisés de plus en plus fréquemment dans le champ du sida tant dans le cadre de la recherche en sciences sociales que de la prévention. Cependant, certaines difficultés surgissent lorsqu’il est question d’appliquer le concept de vulnérabilité à des situations concrètes au cœur desquelles des individus ou des groupes se trouvent davantage exposés au VIH. Un travail de clarification mérite donc d’être accompli, sans quoi le concept de vulnérabilité risque de perdre sa capacité heuristique et sa pertinence politique et pratique. La première partie de cet article présente « une matrice heuristique de la vulnérabilité » qui a été employée lors des recherches antérieures auprès des personnes séropositives et malades du sida et à en extraire trois niveaux d’intelligibilité. La deuxième partie de cet article passe en revue les différentes définitions et applications du concept de vulnérabilité dans d’autres domaines. La troisième partie est un résumé de l’approche dans la manière dont les auteurs voient la vulnérabilité comme un concept pertinent pour le travail d’élucidation des processus sous-tendant la prise de risques et la conception de programmes d’intervention. L’accent est mis sur l’importance d’analyser les différences entre individus, la variabilité au cours de la vie et la dimension relationnelle de toute vulnérabilité sociale.
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