Rendez-vous majeur du monde francophone dans la lutte contre le VIH et les hépatites, la 8ème Conférence Internationale Francophone VIH/hépatites (AFRAVIH 2016) s’est tenue à Bruxelles du 20 au 23 avril. Durant quatre jours, des conférences plénières, sessions orales, présentations de posters ont permis d’échanger autour de thématiques variées et d’actualité.
Divers comptes rendus sont disponibles en ligne.
- Le site Seronet a proposé une couverture extensive l’événement.
- Vih.org était également sur place et a couvert la conférence en partenariat avec la Lettre de l’Infectiologue.
- Sur son site, le sociologue gabriel Girard livre ses poins forts de l’AFRAVIH 2016.
- Le COREVIH Bretagne a publié des chroniques.
Nous vous proposons ici de retrouver les vidéos des interventions des orateurs belges.
Le dépistage décentralisé et démédicalisé en Belgique : La nécessité d’une coordination des acteurs
Thierry Martin, Plateforme Prévention Sida
En Belgique, la situation est complexe au niveau du dépistage puisqu’il n’y a pas de politique nationale et globale. La compétence du dépistage est répartie sur différents niveaux de pouvoir. Il existe trois centres de dépistage anonyme et gratuit en Belgique mais il n’y a pas de cadre juridique pour le dépistage démédicalisé et le financement des projets existants a été suspendu. Le dépistage démédicalisé est pourtant inclus dans les objectifs du plan national VIH 2014-2019 et a fait l’objet d’un avis favorable du Conseil supérieur de la santé. Les autotests seront probablement accessibles avant que le dépistage démédicalisé soit autorisé !
Enquête sur l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge des migrants en Europe : Le projet aMASE
Anne-Françoise Gennotte, Centre de Référence Sida du CHU Saint-Pierre
L’enquête aMASE s’est déroulée entre 2013 et 2015. 2247 questionnaires ont été administrés dans l’UE. En Belgique, 71% des migrants inclus dans l’étude avaient fréquenté un service de santé dans les deux ans qui ont précédé le diagnostic de séropositivité, ce qui suggère qu’il y a des occasions manquées de dépistage. Une part significative de ces personnes a été infectée après la migration, en particulier parmi les UDI et les HSH. 89% des répondants avaient un traitement ARV mais des difficultés d’accès aux soins sont rapportées par 50% des personnes. Des aides existent mais elles impliquent des démarches administratives compliquées (CPAS, centre d’asile) et l’accès aux soins ne garantit pas l’ouverture de l’aide sociale.
Patients séropositifs demandeurs de séjour recevant l’ordre de quitter le territoire belge : L’exemple du CHU de Charleroi
Remy Demeester, Centre de Référence Sida du CHU de Charleroi
Depuis 5 ans, en Belgique la majorité des migrants séropositifs reçoivent l’ordre de quitter le territoire sans que la continuité de leurs soins ne soit garantie. L’étude conduite au sein du CHU de Charleroi a permis d’analyser les dossiers médicaux et sociaux de tous les patients séropositifs demandeurs de séjour entre le 1/07/2012 et le 1/11/2015. Au sein d’une cohorte de 400 patients, 59 migrants ont été identifiés, dont une moitié de femmes. La majorité de ces patients a été diagnostiquée en Belgique. Moins de 10% d’entre eux ont été autorisés à séjourner sur le territoire suite à leur demande d’asile et aucun n’a été autorisé à séjourner pour raison médicale. Suite à ces décisions ces patients se retrouvent dans la clandestinité et sans aucune aide financière.
Mycobacterium tuberculosis et activation immunitaire chez des sujets infectés et non-infectés par le VIH
Chloé Wyndham-Thomas, Laboratoire de Vaccinologie et Immunologie Mucosale, Université Libre de Bruxelles
Malgré un traitement ARV suppressif, une activation immunitaire généralisée (AIG) peut persister à long terme chez les sujets VIH+. Elle est associée à l’apparition précoce de maladies habituellement associées à l’âge (maladies cardiovasculaires, ostéoporose, etc.). Les causes de l’AIG sont multiples, et certaines co-infections chroniques sont impliquées. Si la co-infection par M. tuberculosis est l’une des plus fréquentes chez le patient infecté par le VIH, son implication dans l’AIG est méconnue. Dans cette enquête parmi 48 sujets non-infectés par le VIH et 74 sujets infectés par le VIH mais non traités, la TBa est associée à une augmentation des marqueurs d’activation immune, chez tous les sujets avec un effet cumulatif en cas de co-infection.
Rétention en soins améliorée significativement par le traitement antirétroviral au niveau communautaire : L’expérience des points de distribution (PODI) communautaires à Kinshasa
Mit Philips, Médecins Sans Frontières – Belgique
Depuis 2013 MSF et une association de PVVIH (RNOAC) pilotent trois points de distribution d’ARV gérés par les pairs (PODI) à Kinshasa. Les PVVIH répondant aux critères préétablis s’y approvisionnent tous les 3 mois et se présentent à une consultation clinique annuelle, incluant la mesure de la charge virale. Une recherche active et précoce est faite pour les patients manquant leur rendez-vous. Fin 2015, 2297 PVVIH étaient suivies dans 3 PODI de Kinshasa sur une cohorte totale de 4300 patients suivis dans les centres appuyés par MSF. L’analyse montre une rétention dans les soins de 93,75% à 6 mois ; 90% à 12 mois ; 84,26% à 24 mois ; 74,5% à 48 mois. Le modèle PODI constitue donc une stratégie adéquate pour le suivi des PVVIH stables et une stratégie privilégiée pour autonomiser les patients et désengorger les structures hospitalières.
Comorbidités ou polymorbidités ?
Stéphane De Wit, Centre de Référence Sida du CHU Saint-Pierre
Le VIH provoque un climat d’activation immunitaire qui a de multiples conséquences. Il y a de réelles co-morbidités avec certains cancers d’origine virale, l’hépatite C, le HPV et d’autres infections contre lesquelles le patient VIH+ lutte moins bien. En réponse, il faut dépister et traiter de manière précoce. Au niveau des pathologies cardiovasculaires, il y une combinaison entre les facteurs de risques traditionnels, la toxicité des ARV et les co-infections qui provoquent de l’inflammation chronique. C’est une cause importante de mortalité chez les personnes VIH+ mais elles sont mieux prises en charge et il existe de nouvelles molécules ARV. Enfin, il manque encore de recul pour mesurer l’impact du traitement précoce et de la CVI.
Le stock de sécurité en ARV – mécanisme d’accès aux traitements et de collaboration communautaire des états de l’Afrique de l’Ouest
Alfred Dannoura, Consultant international
Le stock de sécurité régional en ARV a été établi en avril 2014 suite aux recommandations des 15 pays de la CEDEAO. Ce dispositif est destiné au dépannage de ces pays face à des situations de tension en ARV. Depuis sa mise en œuvre, ce mécanisme a été sollicité 7 fois et a servi à deux reprises. Une évaluation intermédiaire du dispositif (stratégie, objectifs, impact) via un questionnaire d’enquête adressé aux 15 pays bénéficiaires ainsi qu’une phase de terrain (observation et entretiens) a montré que malgré la réalisation partielle de certains objectifs, plusieurs défis entravant son fonctionnement optimal subsistent.
Les interactions pharmacologiques entre la thérapie antirétrovirale et la contraception hormonale
Yannick Manigart, CHU Saint-Pierre
Les connaissances sur les interactions médicamenteuses entre la contraception hormonale et ces nouvelles thérapies antirétrovirales sont limitées. Outre la mesure des taux de progestérone dans le sang, cette étude clinique a utilisé l’échographie endovaginale pour évaluer l’effet de 4 thérapies antirétrovirales sur l’inhibition de l’ovulation. En 2015, 12 femmes VIH+ entre 18 et 40 ans, ayant des cycles réguliers et sans contre-indications à l’utilisation de la contraception orale ont été incluses. Toutes avaient une CV < à 20 copies/ml. 7 patientes ont mené l’étude à terme. L’efficacité de la pilule contraceptive (30 μg d’éthinylestradiol et 150 μg de lévonorgestrel) n’a pas été affectée par la prise concomitante d’une thérapie ARV (rilpivirine, elvitegravir « boosté », darunavir ou atazanavir). Aucun effet secondaire n’a été rapporté.
Les ARV, outils de prévention
Marie Laga, Institut de Médecine Tropicale
Nouvelles stratégies thérapeutiques face à la tuberculose multi-résistante
Marie-Christine Payen, CHU Saint-Pierre
HPV : Prévention / dépistage
Déborah Konopnicki, CHU Saint-Pierre
Anticorps neutralisants
Guido Vanham, Institut de Médecine Tropicale
Santé sexuelle et « chemsexe »
Pascal Semaille, CHU Saint-Pierre
La délégation des tâches ; l’exemple vient du Sud
Nathan Clumeck, CHU Saint-Pierre